Jour 309 : Dès le matin, on attaque le passage de frontière vers l’Iran, moment tant attendu ! l’Iran est une étape phare de notre voyage ! Ça fait quasiment un an qu’on parle de l’Iran et on souhaite s’y rendre. Après 35 000 km et 24 pays visités, avec un détour au Cap Nord, on n’y est enfin ! Reste plus que passer la frontière dont on a entendu qu’elle n’est pas si facile que ça. Mais on est prêts !
Mais il faut d’abord quitter l’Azerbaïdjan ce qui s’avère un peu long. On a l’impression d’avoir réveillés les douaniers, tellement personne passe par cette frontière. On a dû toquer à la porte pour qu’on vérifie nos passeports et qu’on nous ouvre la barrière. Il n’y a que des camions ici mais ils empruntent une autre entrée, on est le seul véhicule de loisir. On se rend d’abord avec Campi dans un bâtiment où ils vérifient tout sur Campi, l’intérieur, le dessous et sous le capot…Ils scannent même le sac à dos de ma maîtresse. Un douanier vérifie avec attention les documents du véhicule, puis mon passeport. On nous indique ensuite d’avancer vers un deuxième checkpoint. On s’avance donc avec Campi jusqu’à ce qu’on voie une barrière devant laquelle on s’arrête. Un agent vérifie nos passeports mais il y a un problème, on n’a pas de tampon de sortie ! Effectivement, on pensait qu’on nous tamponnera les passeports ici. Pas de bol, on a dû louper quelque chose. Il prend nos passeports et nous demande de le suivre jusqu’au premier contrôle. Là-bas, le douanier qui a déjà vérifié Campi sort un peu énervé et nous demande pourquoi on a pas écouté ses indications ! Il fallait en effet se rendre au poste de contrôle des passeports qui était dans le même bâtiment, à à peine 50 mètres ! Honnêtement, à cette distance, et vu que clairement il s’ennuyait (il regardait des vidéos pendant notre contrôle des passeports), il aurait pu nous y emmener, c’était le bureau d’à côté) !
Bref, ça a mal commencé car les agents du contrôle des passeports n’ont pas aimé qu’on les a bypassé… Du coup ma maîtresse a eu droit à une demi-heure de foutage de gueule (excusez mon langage !). En effet, apparemment elle ne se ressemblait pas à sa photo sur son passeport. Du coup elle a dû regarder pendant une dizaine de minutes droit dans les yeux de l’agent qui ne voulait pas lui donner le tampon de sortie ! Après une vérification minutieuse des deux agents, ils finissent par lui demander si elle n’a pas eu de chirurgie plastique du nez !! Quel délire ! Mes maîtres essaient de garder le calme mais c’est énervant ! A un moment l’agent est à un centimètre près de mettre le tampon dans le passeport, puis il repose le tampon et redemande à ma maîtresse de le regarder dans les yeux…Ma maîtresse commence à éclater de rire tellement c’est ridicule ! Au bout d’une vingtaine de minutes, qui durait comme une éternité, l’agent tamponne enfin le passeport ! On s’enfuit vite avant qu’ils ne ressortent de leur poste ! On pense qu’ils s’ennuyaient à fond et on était leur distraction de la journée !
Bref, après ce long passage inattendu du côté de l’Azerbaïdjan, on s’avance enfin vers l’Iran. Il y a quelques camions qui font la queue. Mais rapidement on passe aux guichets. Dès qu’on sort de Campi, on est tout de suite abordés par des hommes qui sont des facilitateurs, comme on en a déjà entendu parler avant. En effet, ceux-ci facilitent le passage de frontière en contrepartie d’un pourboire, souvent aux alentours de 10 dollars, demandés après avoir rendu le service. Ce qui en soit n’est pas beaucoup mais on ne souhaite pas favoriser ce système corrompu et se débrouiller tout seul. Après tout, on a toujours passé les frontières sans l’aide de personne. On refuse donc strictement toute proposition d’aide car on sait qu’après ils demanderont de l’argent.
Au premier guichet, tout va bien, on tamponne nos visas. Au deuxième guichet, l’agent vérifie les documents du véhicule. C’est au troisième guichet que ça se complique. L’agent nous demande un « permission code ». On est de nouveau abordés par les facilitateurs qui n’attendent que ce moment pour nous proposer de nouveau de l’aide. Et apparemment il faut qu’on l’accepte car on nous explique que l’on ne peut obtenir ce code que si on a une entreprise en Iran ! Pour 5$ ils nous aident à obtenir ce code ! Quel système bizarre…ça pue, d’autant plus que l’agent officiel nous confirme ces propos et nous redirige vers les facilitateurs à chaque fois qu’on lui demande comment on peut l’obtenir…Ils semblent tous travailler ensemble, les agents officiels et non officiels, on n’a jamais vu ça ailleurs !
On tente de se rendre sur le site internet qu’on nous a indiqué pour obtenir ce code mais tout est en persan, on ne comprend rien ! En plus c’est la frontière la plus chaotique qu’on ait jamais vu ! Des dizaines de camions font la queue, les chauffeurs s’entassent devant les guichets, aucun ordre est respecté.
Avec les 5 facilitateurs qui n’arrêtent pas de nous parler, il y a trop de monde et on n’arrive pas à se concentrer. En plus il fait chaud ! On sent que la situation ne se débloquera pas juste comme ça, on gare donc Campi un peu plus loin pour ne pas bloquer le passage et on se pose tranquillement pour réfléchir aux options qu’on a. Finalement une nouvelle idée nous est venue en tête ! Appeler nos amis iraniens qu’on a rencontrés à la ferme en Turquie, pour qu’ils nous aident à obtenir le code. Heureusement qu’on a gardé quelques Mo d’internet ! Ils sont très réactifs et regardent le site de suite. Mais ils tombent sur une page d’identification où il faut rentrer un mot de passe. C’est très bizarre ! Ils décident donc d’appeler directement la frontière. On ne saura jamais ce qui a vraiment débloqué la situation mais peu après, une personne toque à la porte de Campi. Elle demande nos passeports…On refuse de les donner de nouveau, on en a marre car ce n’est pas la première fois qu’on nous demande les passeports pour finalement rien y faire à part de les prendre en photo. Cependant la personne nous dit que qu’elle est l’agent officiel et montre son badge. On lui donne donc nos passeports et on l’accompagne dans un bureau. On lui donne aussi le CPD (Carnet de Passage de Douane) nécessaire pour rentrer en Iran avec un véhicule étranger. D’ailleurs c’est ce carnet qui décourage pas mal de voyageurs qu’on a rencontrés pendant notre voyage à aller en Iran car il faut déposer une caution (qui correspond à 150% de la valeur du véhicule, le minimum étant 3500€, en plus des frais de dossiers de 200€). Cette caution est remboursée une fois qu’on sort de l’Iran avec comme preuve un tampon d’entrée et de sortie. Donc il n’est pas nécessaire de dire que ce bout de papier est très important et constitue l’objet qui a le plus de valeur dans le Campi ! On veut donc s’assurer que tout est fait dans les règles.
On attend donc devant le bureau pendant que plusieurs agents traitent notre dossier. Pendant ce temps on observe l’ambiance à la frontière. On remarque aussi que chaque camion est arrêté après le passage au guichet par un douanier. Celui-ci monte dans la cabine du camion pour prendre quelque chose (de l’argent ?) et en ressort aussi tôt. On a aussi vu des billets glissés au douanier pour qu’il tamponne les papiers…Bref les iraniens ne nous inspirent pas la confiance pour le moment !
Heureusement pour nous, les choses avancent. L’agent nous donne un document et nous demande de repasser au guichet n°3. C’est un autre agent au guichet et il ne demande pas le « permission code ». Bizarre, il était obligatoire il y a une heure… En quelques clics, on obtient le fameux papier tamponné ! On ne comprend rien à ce qu’il y a écrit mais il est important pour passer ! Tout content on s’apprête à avancer quand on nous indique qu’il faut encore attendre le vétérinaire pour mon examen…
Ok, pourquoi pas…On ne comprend juste toujours pas pourquoi le facilitateur nous colle au pied alors qu’on a refusé à plusieurs reprises ses services. Mais non il nous suit partout et nous pose pleins de questions. On a d’ailleurs l’impression que c’est lui qui a forcé l’examen vétérinaire. En effet, on connait un autre couple de voyageurs en van avec un chien qui n’avait pas besoin de passer un examen vétérinaire et apparemment ils se sont faits aidés par un facilitateur.
Bref, on n’a rien à cacher, on attend donc le vétérinaire. Au passage, le facilitateur nous propose l’assurance mais notre carte verte couvre l’Iran (et d’ailleurs il ne faut jamais acheter l’assurance à la frontière, c’est le double de prix !). Après il tente l’échange de dollars contre les rials (monnaie iranienne). Il nous propose 47 000 rials pour 1$ en nous indiquant que c’est même un peu au-dessus du taux officiel. Et effectivement quand on regarde sur internet, le taux officiel est à 45 000. Or, grâce à nos amis qui sont passés en Iran avant nous, on sait que depuis quelques mois le taux n’est plus fixé par l’Etat mais varie en fonction de l’offre et de la demande. Le taux du marché noir est donc le triple du taux officiel !! En ce moment c’est à 135 000 rials ! Beaucoup trop de voyageurs se font arnaquer sur le taux. Heureusement que nos amis nous ont conseillé de suivre le taux du marché noir, qui évolue le jour au jour, sur l’application dédiée qui s’appelle Bonbast. On montre donc au facilitateur ce site avec les vrais taux et ça l’énerve ! Il commence à nous accuser de l’augmentation de ce taux, de l’embargo, des sanctions…bon on essaie de le calmer en lui expliquant que pour le moment on ne souhaite pas échanger de dollars mais on souhaite se concentrer sur le passage de frontière…
Une quinzaine de minutes plus tard, un homme vient nous voir. C’est le vétérinaire apparemment. Il regarde mon passeport afin de vérifier que mes vaccins sont à jour puis demande un certificat vétérinaire de bonne santé. Enfin il m’examine…les yeux, les oreilles, les poils et la respiration ! Je me méfie, je ne me sens pas très à l’aise. Heureusement que ça ne dure pas longtemps, seulement quelques minutes.
Le vétérinaire a l’air sympa et nous établit rapidement un certificat…en persan donc on ne comprend rien mais il nous rassure que tout est bon. Cependant, quand il finit, il se tourne vers le facilitateur (on ne comprend toujours pas ce qu’il fait dans le bureau officiel des agents !!!) et ça commence à parler de l’argent, on le sent…Et oui, une seconde après le facilitateur sort une calculatrice et nous indique un montant de 12 $ pour l’examen médical…
A la limite, on comprendrait qu’il faut payer un vétérinaire qui se déplace pour nous mais on ne comprend vraiment pas pourquoi c’est le facilitateur qui fixe le prix…On sent qu’il veut sa commission sur nous à tout prix ! Et ça ne nous plait pas. On commence donc à négocier, à demander une grille tarifaire des services, à comprendre pourquoi payer autant pour un certificat…
Le facilitateur s’énerve une fois de plus, puis sort du bureau. Comme par magie, ça se débloque assez vite. Le vétérinaire nous donne le certificat en disant que c’est bon, qu’on est ses « Guests » (une phrase qu’on entendra d’ailleurs assez souvent en Iran !). On souhaite lui donner un billet quand-même mais il refuse. Sur ce, on prend le certificat, il nous souhaite bon voyage et on s’en va ! Wouf wouf ! On a tenu bon.
Mais ce n’est pas gagné, maintenant il faut passer une colonne monstrueuse de camions pour s’approcher de la sortie. Mais les camions sont partout, on est le seul véhicule léger. On zigzague comme on peut entre les camions mais on a aucune visibilité sur où aller. Aucun panneau, aucune indication…On demande à plusieurs reprises où est l’Iran et les camionneurs nous montrent la direction. On remonte lentement la queue. A un moment on est bloqués, on ne peut plus avancer. On attend donc qu’à la sortie ils laissent passer quelques camions puis on avance jusqu’à la barrière de sortie. Notre dernier contrôle ! On espère qu’on nous tamponne enfin le CPD mais apparemment on a loupé le bâtiment qui était à mi-chemin. On nous renvoie donc vers le bâtiment mais on est obligés de laisser Campi près de la barrière de sortie car tout est bloqué par les camions, impossible de faire demi-tour. Forcément au contrôle du CPD, l’agent demande à voir Campi pour vérifier que les informations sur le CPD sont conformes à la réalité. On sort donc devant le bâtiment mais il ne voit pas Campi. Il nous regarde bizarrement…on lui explique qu’on est garés à la sortie mais impossible de revenir ici…il nous regarde encore plus bizarrement. On lui dit qu’il faut marcher 5 minutes, mais il n’a clairement pas envie de se déplacer…Que c’est compliqué ! On commence à fatiguer… Heureusement, en retournant dans le bureau un collègue l’encourage à signer quand même le CPD. Il a l’air sympa et on comprend que son argument c’est qu’on est des touristes donc tout est bon 😊.
Ça y est le CPD est signé !! On retourne au Campi, on passe un dernier contrôle, ils enregistrent nos informations dans un registre, ils vérifient le certificat vétérinaire (on ne s’y attendait vraiment pas !), ils reprennent notre document de sortie tamponné pour lequel on s’est battu pour l’obtenir, et on peut enfin quitter, après 4 heures de stress, cette frontière ! Mais on est super contents, on ne s’est pas laissés faire et tout s’est finalement bien passé ! On a peut-être juste vieilli de quelques années 😊
On est enfin en Iran, l’étape phare de notre périple ! L’objectif ultime de notre voyage !
On a hâte de vous raconter nos premières impressions dans la suite de notre blog… mais une chose est sûre, c’est bien dépaysant ici !
L’album photo complet sur nos périples en Iran est par ici.
Merci pour ce compte rendu trés détaillé. Pas facile en effet, l’angoisse totale, finalement je me demande si c’est pas mieux de payer un facilitateur,en tous cas je me posais la question pour le passage en douane du Campi et il est donc impératif de demander le carnet de passage en douane ( a l’automobile club de France je crois?) et bien sure de laisser la caution . Bonne route pour la suite et nous attendons la suite des compte rendus . Good luck!