45ème semaine : Visite du Nord-Ouest de l’Iran

Jour 309 : A la sortie de la frontière on passe par Astara puis on entame direct une montée raide vers Ardabil, en longeant la frontière avec l’Azerbaïdjan. On passe à plus de 2000 mètres d’altitude en une dizaine de minutes. Les serpentins nous mènent tout en haut de la montagne avec une vue spectaculaire sur la vallée ! C’est très vert ici, on dirait la jungle ! On s’imaginait l’Iran autrement, plutôt désertique et aride, ça nous a agréablement surpris.

On observe aussi que les iraniens pique-niquent partout où il y a assez de place pour garer une voiture, peu importe que ça soit au bord de la route ! On commence aussi à s’habituer peu à peu à la conduite un peu agitée et nerveuse des iraniens. Ça klaxonne pas mal ! Espérons que cela ne reflète pas leur personnalité. Ma maîtresse s’habitue aussi au port du voile, obligatoire pour les femmes.

La journée fut longue et éprouvante, on décide donc de se poser au premier bivouac répertorié par l’application iOverlander, qui est beaucoup plus utilisée en Iran que Park4Night.
C’est une aire de camping gratuite et surveillée par un gardien, avec toilettes et douches ! Plutôt pas mal pour un premier spot de nuit. On voit aussi des chiens avec des chiots traînés dans le parc. Ça nous étonne car on a entendu que les chiens sont interdits en Iran. Mais le gardien a l’air de bien s’occuper d’eux et de les nourrir, même s’il ne les touche pas. Ma maitresse, par contre, se précipite vers eux pour les caresser, ils ne sont pas craintifs et tellement choux apparemment.
Mais moi je n’en sais rien car pendant ce temps je prenais des selfies avec mon maître et des filles qui pique-niquaient dans le parc :D. Elles nous ont même offert une part de gâteau !
On demande aussi à une famille qui se gare à côté de Campi si elle peut nous partager internet pour quelques minutes car il faut qu’on prévienne nos familles qu’on est bien arrivés en Iran. La famille accepte sans aucun souci, heureusement que le monsieur parle un peu anglais, et nous invite même chez lui !
Grâce à quelques blogs qu’on a lus sur l’Iran, on sait que souvent les gens offrent par politesse même s’ils n’ont pas forcément les moyens ou l’envie…le fameux taarof, une forme de courtoisie iranienne. La coutume veut qu’il faut refuser trois fois pour savoir si la personne a réellement envie de vous inviter ou s’il s’agit uniquement d’un geste de politesse. On refuse donc deux fois et la famille n’insiste plus. Cela tombe bien, on est crevés !

Jour 310 : Le matin, on part à Ardabil, une grande ville du Nord. Au programme : échanger des dollars contre des rials à un bon taux, acheter une carte Sim et faire les courses.
On se gare assez facilement au bord de la route. Toutes les voitures sont garées là, même si c’est une voie en soi mais cela a l’air de gêner personne. On rentre dans la première banque qu’on voit pour faire l’échange mais dans la banque on nous dit qu’ils ne font pas de change et nous indiquent une direction. On ne comprend pas trop mais on s’avance vers le bazar. Car apparemment là-bas on peut échanger au noir, au taux réel. On s’apprête déjà à devoir négocier dans les petites ruelles du bazar quand on voit une sorte de bureau de change avec un vigile. On essaie de se renseigner là-bas et coup de bol, ils peuvent faire l’échange, et en plus avec un bon taux, à 135 000 rials ! On échange donc 50 dollars. Parfait, maintenant qu’on est millionnaires en rials, on peut enfin faire du shopping ! En effet, les cartes internationales ne sont pas acceptées en Iran, sauf apparemment chez les commerçants de tapis persan qui coutent un bras…, on doit donc prévoir une somme en liquide suffisante pour notre mois ici.
On passe ensuite dans les rues du bazar en espérant trouver des produits frais et de saison. Mais on est un peu perdus. Les chiffres sont en alphabet perse et impossible de les comprendre, ceci quand les prix sont affichés car la plupart du temps ils ne le sont pas…
Du coup on part à la recherche d’une carte Sim pour pouvoir avoir internet et apprendre les chiffres perses ! Mission accomplie assez rapidement grâce à un jeune étudiant qui nous propose son aide dans la rue. Avec toutes ces formalités, il est déjà midi passé et on se met à chercher un restaurant qui sert des Dizzis, un plat iranien qu’il faut absolument tester à Ardabil. Il s’agit d’un plat à base de pois chiches et de viande qu’il faut écraser soi-même dans un pot. On demande à plusieurs restaurants s’ils servent ce plat mais il s’avère que c’est plutôt un plat rare ! On commence à abandonner l’idée de Dizzi quand un commerçant sort de sa boutique et nous propose son aide. Grâce à ses explications et à l’aide de quelques passants dans la rue, on parvient enfin à trouver ce fameux restaurant. Le resto est sympa, on mange sur un tapis par terre et le plat est plutôt pas mal !

En retournant au Campi, on se fait aborder par une autre personne qui nous propose de nouveau son aide. On en profite pour lui demander où est-ce qu’on peut trouver une station de diesel car jusqu’alors on ne tombait que sur les stations d’essence. Il nous explique qu’uniquement des camions roulent au diesel ici et que les stations se trouvent en périphérie des villes. Il nous propose de nous y accompagner. C’est très gentil de sa part ! On découvre aussi rapidement un système assez compliqué…En effet les routiers ont une carte pour prendre du diesel (au prix de 0,02€/L, l’état veut maîtriser la consommation) … Mais en tant que touristes on n’a pas de carte donc il faut négocier le prix (souvent le double mais cela revient quand-même à moins de 2€) et trouver quelqu’un qui peut nous prêter la carte. Autant dire que c’est très chaotique ! Le monsieur a négocié pour nous cette première fois, puis il nous invite boire un thé dans un garage où il a des amis.

Une journée bien chargée et pleins de découvertes ! Le changement de culture est très fort, on commence à s’y adapter peu à peu mais ça nous prendra du temps !

Jour 311 : Aujourd’hui on souhaite se poser au calme, en dehors de la ville pour que je puisse courir librement car les chiens sont interdits dans les centres-villes. Je dois donc rester dans Campi à chaque fois que mes maîtres visitent une ville ou font les courses.
On roule donc toute la journée pour rejoindre le lac salé Ourmia, pas très loin de la frontière turque. On s’amuse sur la plage recouverte de sel, enfin un petit moment tranquille loin du chaos de la ville. Je peux courir librement et enfin me défouler !

Jour 312 : Après une escapade dans la nature, on part visiter la ville troglodyte Kandovan, assez semblable à Cappadoce en Turquie mais les maisons sont toujours habitées.

C’est une belle balade même si le village est assez touristique et il y a beaucoup de magasins de souvenirs et de produits locaux. Ça fait au moins l’occasion de visiter l’intérieur d’une maison troglodyte aménagée.

On part ensuite à Tabriz, l’une des grandes villes d’Iran. Arrivée à l’endroit de notre bivouac prévu, on rencontre 4 autres camions voyageurs.

Après quelques échanges, on décide d’aller dans le grand bazar en Uber iranien « Snapp » que les voyageurs nous ont conseillé. Ça marche vraiment bien. C’est beaucoup mieux que de conduire Campi en centre-ville. Comme on l’a déjà lu ailleurs, il n’y a qu’une guerre en Iran, celle sur la route !

En arrivant dans le centre-ville, on fait un tour dans le grand bazar, apparemment est l’un des plus anciens bazars du Moyen-Orient. Avec une superficie de 75 hectares, c’est aussi l’un des plus grands bazars couverts du monde. Et effectivement on s’y perd facilement. Outre les échanges commerciaux, le bazar de Tabriz est aussi un lieu privilégié pour les cérémonies religieuses et compte quatorze mosquées ! Bref, cette visite nous prend tout après-midi 😊.

On a aussi pu faire des courses et un peu de shopping, quelle journée productive !

Jour 313 : Aujourd’hui on reste encore à Tabriz car on a rendez-vous avec un Couchsurfer qu’on a contacté pour faire une machine à laver chez lui et apprendre davantage sur la culture iranienne. On est un peu perdus avec toutes les règles et tradition et on souhaite demander des recommandations à un local. On passe donc l’après-midi à la maison en papotant. Il nous ramène aussi dans un vrai supermarché, wahouuu !
On retourne ensuite dormir au camping de la vielle car il était top avec des toilettes et des douches chaudes à disposition, chose très appréciée des voyageurs. C’est pourquoi il y en a autant ! On rencontre aussi une famille française qui passe par l’Iran pour aller aux Emirats. On sympathise de suite et ils nous invitent prendre un apéro (sans alcool bien sur…) dans leur grand camping-car Mercedes ! On y retrouve également d’autres voyageurs avec lesquels on a déjà discuté le matin, un couple néerlandais-thaïlandais qui sont partis de Thaïlande pour rejoindre l’Europe. Ils nous ont d’ailleurs partagé pas mal d’histoires marrantes de leur périple. Ils voyagent à bord d’un camping-car thaïlandais vert super bien aménagé qui s’appelle Little Boat, le nom également de leur page Facebook. On a passé un excellent moment. Ça fait toujours plaisir d’échanger avec d’autres voyageurs, on récupère toujours de bons plans !

Jour 314 : On quitte Tabriz aujourd’hui pour s’avancer vers Zanjan où on fait un tour rapide de la ville pour échanger de nouveau des dollars.

En passant à côté d’une boulangerie, on nous offre deux pains à la cannelle, c’est super gentil ! Il y a aussi une bonne ambiance, les chants musulmans sortent de tous les haut-parleurs du centre-ville (vidéo ici). On se demande bien si ce n’est pas un appel à la prière mais ça a l’air beaucoup plus mélodieux que d’habitude, surtout par rapport à la Turquie… Petite particularité, l’Iran est principalement de confession chiite et donc ils ne prient que 3 fois par jour (contrairement aux sunnites – les pays arabes, la Turquie – qui prient 5 fois par jour).

On roule ensuite vers Sultanyia pour se poser pour la nuit. On trouve un spot sympa près d’un parc. Pendant que je me promène avec ma maîtresse, deux jeunes viennent nous voir pour poser des questions. On ne comprend rien mais on dirait qu’ils sont intéressés par moi. Après quelques instants et caresses ils s’en vont. On retourne ensuite au Campi dîner. Un moment plus tard, quelqu’un toque à la porte. C’est l’un des jeunes qui nous invite à les rejoindre dans le parc autour d’un feu. On accepte volontiers car il fait assez froid dans Campi. Et puis c’est l’occasion de faire des rencontres avec des iraniens ! Et on a bien fait, ils sont hyper sympas ! On partage de la musique, des photos…Ces jeunes garçons adorent l’Europe et les Etats-Unis et rêvent de s’y rendre un jour, mais c’est très compliqué pour un iranien d’obtenir un visa malheureusement…
Même s’ils ne sont pas très bons en anglais, Google Trad est là pour nous sauver !

Le temps passe, il est déjà tard et l’un des garçons nous invite à venir manger chez sa famille. Mais on est trop fatigués, pour nous c’est déjà l’heure d’aller se coucher. On refuse poliment mais on se met d’accord qu’on se retrouvera demain pour aller voir ses chevaux !

Jour 315 : Le matin, l’un des garçons nous apporte du lait de chèvre encore tout chaud, encore une petite attention très sympa. On visite ensuite le Dôme de Soltaniyeh inscrit à l’UNESCO.

En retournant, le garçon Ali et ses amis nous attendent au Campi. On discute un peu dans le parc avant qu’Ali nous emmène dans sa maison où sa mère prépare à manger. On découvre un salon simple mais traditionnel iranien avec un tapis persan et des cousins pour se poser de manière confortable. Avec la cuisine, c’est leur unique pièce de vie. Le tapis constitue leur table à manger, le canapé et le lit ! Le salon est un peu décoré avec des photos de famille. En attendant le déjeuner, on prend un apéro sous forme de bonbons et du thé. Après le délicieux déjeuner végétarien, on nous ressert du thé et des fruits.

Ensuite c’est l’heure de faire une petite balade à cheval. Les chevaux se trouvent à une quinzaine de minutes de la ville. Ils ont en 8. C’est le père d’Ali qui s’en occupe majoritairement. Apparemment ils font des balades à cheval de ce qu’on a compris. On monte sur une jument qui a un poulain de quelques mois et qui la suit partout. D’ailleurs, petite précision, à tour de rôle on monte sans selle, juste sur une couverture ! Ici on ne se prend la tête avec rien :D. La jument écoute super bien et on se détend peu à peu, ça fait tellement longtemps qu’on n’est pas montés à cheval ! Moi j’observe mes maîtres du Campi car la jument a peur de moi.

Après cette bouffée d’air fraîche avec la vue depuis le dos du cheval sur les montagnes enneigées, on retourne au Campi. Notre plan est de partir pour avancer vers le Sud, avant qu’il ne commence à faire très chaud, mais Ali a un autre projet – la soirée d’anniversaire de son oncle ! Ça luit tient très à cœur qu’on vienne, apparemment tout le monde est déjà au courant… Ok let’s go ! On débarque après 22 heures en pensant qu’on est déjà en retard mais les invités commencent à peine à venir. On est accueillis comme des rois (on nous sert même le gâteau d’anniversaire en premier !). On nous pose pleins de questions, on prend des photos avec notre polaroid (ce qui leur fait très plaisir et en redemande ans cesse) et on mange de manière traditionnelle par terre à 15.

On commence aussi à observer des règles de vie iraniennes comme quoi un homme ne serre pas la main à une femme et vice versa… On observe aussi qu’avant et après le repas les femmes sont assises par terre alors que les hommes se posent sur le canapé avec nous. On ne discute quasiment qu’avec des hommes.

En tout cas, on passe un excellent moment qui restera gravé dans nos mémoires, enfin c’est qu’on m’a raconté car étant une famille traditionnelle, je n’ai pas eu le droit de venir… bon espérons que ça sera pour une prochaine fois !

PS : Toutes nos photos sont sur notre page Facebook.

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