Jour 373 : On se lève de bonne heure pour affronter la frontière irano-irakienne qui ne semble pas être des plus faciles à ce qu’il paraît. On a entendu parler de cette frontière comme un passage chaotique avec beaucoup de paperasse et des allers-retours entre de nombreux checkpoints.
Deux choses nous préoccupent en particulier. La première est le tampon sur notre CPD (Carnet de Passage en Douane), une formalité importante qui nous permet de récupérer à notre retour les 2000€ de caution ! Notre deuxième préoccupation est la fameuse taxe d’essence qui est apparemment obligatoire à payer à la sortie de l’Iran mais que de nombreux voyageurs ne paient finalement pas… S’agit-il donc d’un paiement non officiel ? Bref, on verra bien !
Prêts à décoller pour parcourir les derniers 20 kilomètres qui nous séparent de la frontière, on rencontre un problème mécanique alors qu’on n’est même pas partis ! En effet, on n’arrive plus à faire remonter notre marche ! Et on ne peut pas rouler avec, au prix de la casser ou de cogner d’autres objets sur notre route. Il s’avère que le système mécanique ne marche plus. Mon maître sort donc le tournevis et c’est parti pour une bonne demi-heure de bricolage sous Campi pour enlever manuellement cette foutue marche ! Enfin, avec la marche dans la salle de bain, on attaque le passage de frontière qu’on espère être moins stressant que lors de notre entrée en Iran!
On remonte de nouveau une longue file de camions et arrive au premier contrôle des passeports sans faire la queue, en étant encore une fois le seul véhicule léger ! Tout se passe bien, on trouve rapidement le deuxième checkpoint, à quelques centaines de mètres plus loin. Cette fois-ci, c’est un grand bâtiment où il faut aller à l’intérieur, même le conducteur doit passer la frontière à pied ! On s’en assure quand-même plusieurs fois auprès des agents puisque la dernière fois que mon maître a passé la frontière à pied, en l’occurrence en Arménie, il a dû sortir du pays et re-rentrer en Campi pour avoir le tampon d’entrée en tant que conducteur ! Inutile de dire que les tampons arméniens lui prennent désormais une page entière dans le passeport 😊.
Alors que j’attends sagement dans Campi, sous le regard curieux des passants, mes maîtres font la queue pour avoir le tampon de sortie sur leurs visas iraniens ! Petite précision, l’Iran ne tamponne plus les passeports mais uniquement les visas qui sont sur une feuille A4 à part. On n’a donc aucune trace du passage en Iran dans nos passeports.
Le temps d’attente est long car un bus est arrivé en même temps. Finalement, après une demi-heure, mes maîtres obtiennent le tampon de sortie ! Il n’y a plus de possibilité de retour maintenant. Il faut absolument que notre CPD soit tamponné et qu’on obtienne facilement les visas pour le Kurdistan irakien (on s’est renseignés sur l’application iOverlander et apparemment à la frontière les ressortissants de l’UE peuvent obtenir facilement le visa de 30 jours). Effectivement, on a aussi voulu s’en assurer auprès des autorités compétentes et ne pas se fier uniquement aux avis d’autres voyageurs. Mais à l’ambassade irakienne de Téhéran, où on s’est rendus en personne, l’agent nous a indiqué qu’aucun visa ne peut nous être accordé si on n’est pas résident en Iran… ça ne tenait pas trop la route son discours ! A partir de quand les ambassades ne prennent que des résidents du pays dans lequel elle se trouve ?!
On avait beau lui expliquer qu’on souhaitait se rendre uniquement au Kurdistan, une région autonome de l’Irak, au Nord du pays mais il était submergé par la foule et le chaos qui régnait sur place après l’ouverture de l’ambassade !
On a donc décidé se faire confiance aux voyageurs qui se sont rendus au Kurdistan irakien, et qu’on a même contacté en personne, pour s’assurer qu’il est possible de rentrer dans cette partie de l’Irak sans aucun souci. On en a aussi profité pour demander des conseils et leurs ressentis sur le pays. Leurs retours positifs nous ont conforté dans notre décision de découvrir cette partie du monde loin des sentiers battus ! Je devais être surement dans les premiers chiens étrangers à rentrer sur le territoire kurde !
Parenthèse à part, une fois les visas iraniens tamponnés, il n’a pas été difficile de trouver la personne compétente pour faire tamponner le CPD. Il a fallu seulement bien vérifier que les données du CPD correspondait à Campi, le plus important étant le numéro de châssis. Comme d’habitude, dès que quelqu’un rentre dans Campi, j’aboie à fond pour lui faire peur et raccourcir le temps de contrôle, chose que mes maîtres apprécient tout particulièrement 😊. Dans ce cas-là, ça a plutôt bien marché ! Après moins de 10 minutes, le CPD est tamponné et apparemment on peut quitter le pays maintenant !
Tout contents, on passe le dernier checkpoint des douanes et l’agent nous ouvre le portail. On passe aussi à côté du panneau Exit Iran ! Ça y est, on est dans la zone de No Man’s Land ! … Sauf qu’un homme nous arrête avant la frontière irakienne et demande la fameuse taxe d’essence ! On fait semblant de ne pas comprendre, l’homme appelle donc son ami qui parle anglais et nous explique la situation. Ça nous parait très bizarre, on vient de quitter le pays, on a tous les tampons de sortie et l’homme ne semble pas du tout être un agent de la frontière (même s’il est difficile de faire la différence car même les agents officiels ne sont pas en uniforme). Mais quelques instants plus tard, notre vive discussion attire des soldats qui surveille cette partie de la frontière. Et ça crée des discussions entre les soldats, certains nous disent « It is OK, go » et certains nous demandent de retourner de nouveau en Iran pour payer cette taxe ! Décidément, cette taxe n’a pas l’air d’être vraiment officialisée et encadrée ! Mais bon, l’un des soldats ne veut vraiment pas nous laisser passer. On passe donc de nouveau par le portail que l’agent nous ouvre en même temps qu’il nous indique le bâtiment où il faut régler la taxe. Bizarre qu’il n’ait pas demandé le reçu quand il nous a ouvert la barrière en sortant d’Iran ?! Mais bon, maintenant on est habitués à ne plus rien comprendre à la frontière iranienne !
On se rend donc devant le guichet pour payer mais une foule de camionneurs iraniens s’entasse devant. C’est encore très chaotique mais on peut toujours compter sur l’hospitalité iranienne ! Dès qu’ils ont reconnu nos têtes de touristes, un couloir s’est formé jusqu’au guichet pour qu’on puisse passer tranquillement. Au guichet, l’agent prend notre CPD. Il nous invite ensuite dans son petit bureau modeste et climatisé ! Notons un petit faux-pas de la part de mon maître qui a oublié d’enlever ses chaussures avant d’entrer sur le tapis persan ! Ça va, l’agent a fait semblant de ne pas voir les quelques traces noires sur son tapis … On l’aide ensuite à rentrer les données dans son système pour avoir le montant de la taxe à payer, pendant que la foule de camionneurs attend patiemment leur tour ! Effectivement on ne passe pas dans son système, vu la rareté de Campi, il nous fait donc passer pour Xantia ! On s’en est finalement tirés pour 15€. Et compte tenu du prix de diesel à 2€ le plein dont on a profité à l’abondance avec presque 10 000 km effectués en Iran, on n’a pas râlé ! Cela semble être une taxe officielle même pour les locaux.
Une fois le reçu en poche, on peut passer du côté irakien ! Un dernier au-revoir à l’Iran, notre coup de cœur !
Du côté irakien, c’est la pause déjeuner… on doit donc attendre un petit moment avant que le douanier ne contrôle Campi. Rien à signaler, on peut avancer vers le contrôle des passeports. Il s’agit de nouveau d’un bâtiment avec une longue file d’attente. Il faut donner nos passeports aux agents à l’entrée, puis attendre d’être appelés. Au passage il faut payer 5€ pour 2 personnes pour les frais administratifs de visa (aka qu’ils remplissent le formulaire en leur donnant toutes les infos de nos passeports). Le visa se présente en fait sous forme d’un tampon classique dans le passeport. Aucun souci pour les européens, on peut rester 30 jours ! Mais uniquement au Kurdistan. Le visa ne permet pas de rentrer sur le territoire irakien comme Mossoul ou Bagdad où il faut un visa différent. Le Kurdistan est protégé du reste de l’Irak par des frontières bien gardées. Ils ont aussi leur président et leur armée. C’est le seul pays où les kurdes sont officiellement reconnus et ont leur propre état ! A la différence de la Turquie qui est en conflit avec les kurdes qui se situent dans la partie du Sud-Est de la Turquie.. On va rigoler quand on passera la frontière entre l’Irak et la Turquie !
Mais à présent, il ne nous reste plus qu’un contrôle côté Irak : le contrôle des documents de Campi (uniquement la carte grise, le CPD n’est pas requis). Il faut aussi s’acquitter de la taxe routière de 20$. On galère un peu à faire le change car ils ne prennent que des dinars irakiens et il n’y a pas de distributeurs… Encore un signe comme quoi ils ne sont pas habitués aux touristes ! Mais tout le monde est très gentil, curieux et demandeur de selfies 😊. Après avoir trouvé un agent voulant bien nous échanger les euros, on s’avance vers la barrière de sortie ! Un petit check des passeports, y compris le mien (notons cependant que c’était plus par curiosité, il n’y vraiment eu aucun souci pour moi), et on est prêts à arpenter, après 4 heures passées à la frontière, les routes et les villes irakiennes, notre 26ème pays de notre périple wouhaaaa !
On vient ici sans aucun préjugé, prêts à savourer tous les moments et profiter de chaque rencontre ! On a hâte de découvrir cette partie du monde méconnue des touristes ! On n’aurait jamais cru pouvoir dire ça un jour : Nous sommes en Irak !
Super résumé merci !! On a pas eu cette taxe à la sortie de l’Iran…
Oui je pense que c’est très aléatoire ! On n’a pas eu de chance d’être tombés sur le mec qui vérifiait les reçus ! Pourtant on a bien négocié ahha !